LES GRANDS NOMS DE                  LA SCULPTURE EXPRESSIONNISTE

A//Le terme « expressionnisme » se rattache à l'atmosphère de malaise et de révolte qui a précédé et suivi la Première Guerre mondiale et que les créateurs d'alors ont traduite par une esthétique violente et tourmentée.   

De manière générale, l'expressionnisme, tel que le mot est employé dans l'entre-deux-guerres, se définit plus par une attitude de l'artiste que par un style précis. Il s'agit pour celui-ci de chercher à communiquer au spectateur  la violence et la singularité d'une émotion. L'artiste expressionniste a le souci d'exprimer une conception du monde, et de partager avec le spectateur des sensations fortes, et souvent extrêmes et brutales.

En sculpture, dans cet « après Rodin»   les silhouettes se lissent, adoptent des poses plus communes, et acquièrent une plus grande intériorité. Il n’est plus ici question de modeler avec exactitude le corps humain, mais d’impulser une émotion plus suggestive et intérieure, répétons-le.

Si Archipenko, Zadkine et Gaudier-Brzeska,   rompent fortement avec la forme du corps humain, Lehmbruck façonne un entre-deux.

L’œuvre de Wilhelm Lehmbruck   est magnifique, dont la grande figure de bronze, Agenouillée est considérée comme le  manifeste de l'expressionnisme. Les corps sculptés par Willhelm Lehmbruck épousent la forme de l’anatomie humaine, ils pourraient presque être réalistes. Mais l’oeuvre est figée, le mouvement quasi-inexistant : corps raide et roide aux lignes d’une abrupte rondeur .Seule la tête semble véhiculer l’émotion, et peut-être les bras aussi. Quoi qu’il en soit ses sculptures surprennent. Ces corps inertes à l’expression faciale austère nous oppressent de tristesse. Lehmbruck réussit à exalter le sentiment sans pour autant détruire radicalement l’esthétique du corps. Il opère par là ce qui semble être un réel tour de force

Dans l'agenouillée, la gracilité du corps aux contours lisses traduit une certaine fragilité psychique allié à la douceur du recueillement.  Le corps laisse s'exprimer le sentiment.

À la même époque se situe Alexander Archipenko , dont les formes ramassées, issues de l'archaïsme   sont en tout point contraires à l'étirement maniériste de celles de Lehmbruck, est également un grand nom de l’expressionnisme.

la femme dite aussi tristesse


Enfin, il me faut citer  Barlach (1870-1938) : ces œuvres ont été exécutées au cours des années antérieures à la guerre (le Solitaire, 1911, bronze ; le Vengeur, 1914, bronze). Elles ne prirent vraiment valeur historique que plus tard, quand Barlach, à cause de l'accent pessimiste de son œuvre, devint un des artistes les plus persécutés par les nazis 

le vengeur

La Femme à la Mandoline de Zadkine où la Femme dit aussi Tristesse d’Archipenko montrent bien cette volonté de souligner un sentiment plutôt qu’une expression. L’artiste n’est plus loué pour sa grande maîtrise technique mais pour la place qu’il occupe entre son modèle et sa sculpture.

B// Le neo expressionnisme apparait en 1980.

Ce qui peut  caractériser le Néo-expressionnisme, outre son expressivité plastique, c’est sa forte implication sociale et politique, et le retour de thèmes empruntant à l’histoire, au mythe ou au primitivisme – mais également au sexe, souvent abordé frontalement. Surtout, ces artistes ne se sentaient pas obligés de glorifier le monde ou de  falsifier la réalité   mais cherchaient au contraire à le représenter tel qu’il existe, jusque dans sa laideur

 

En sculpture, il  faut citer plusieurs noms :

 

1/ les sculpteurs allemands G.Baselitz

On peut dire que le Néo-expressionnisme est né en Allemagne lorsque Georg Baselitz a inauguré une exposition à Berlin-Ouest en 1963, qui a donné lieu à un scandale public : deux des œuvres picturales montrent des sexes mâles en érection. Elles seront saisies par un huissier pour atteintes à l’ordre public. Le procès qui s’ensuit se poursuivra jusqu’en 1965, où les peintures lui sont restituées. La sculpture apparaitra plus tard

Ce qui marque cette oeuvre, c'est son caractère immédiat, brutal(les oeuvres sont taillées à la hache et à la tronçonneuse), radical, voire caricatural.

Dans "Model für eine sculptur" ci dessus, le personnage semble s'extraire d'une gangue de bois; le salut, inspiré de l'art africain que Baselitz collectionne, pourrait être une sorte d'appel à la conscience, une façon de se trouner vers le ciel et la lumière.

2/ Et Markus Lüpertz :

Chez Markus Lupertz, grand artiste allemand né en 1941, rien n'est fait dans la demi mesure. 

Il décline les Dithyrambes, visions artistiques qui font clairement écho au dithyrambe nietzschéen, à son lyrisme et à son excès. 

3/ Les italiens Mimmo Paladino :

Untitled , 1985

Dans cette sculpture, la stylisation allongée du torse masculin et les bras est particulièrement rappelle de la sculpture étrusque. Deux tubes courts dépassent de sa bouche, peut-être une référence à l'aulos doubles (hautbois) associés à réjouissances dionysiaque. Le chiffre nous invite avec les bras tendus, mais l'invitation est plus macabre que d'accueillir. Fantomatique blanc, avec des yeux vides, ce chiffre est inquiétant et surréaliste, nous approcher comme si dans une transe. Le calme apparent projetée par la vue de face est brisée par le revers sur lequel des barres obliques violents, peints en rouge, sont coupés dans le calcaire, suggérant les plaies ensanglantées infligées par la flagellation.

4/Et Sandro Chia

Sandro Chia aime représenter l'homme sous ses aspects les plus charnels. La figure du héros parcourt toute son œuvre. Inspiré par l'art classique italien, il accentue la robustesse de ces modèles pour rendre toute son importance à la figure humaine jamais impliquée dans un contexte défini.

1984 

sans titre

5/  le français Hervé di Rosa

2008, Hervé Di Rosa : Robot tête tube


 

6/ et l’américain Eric Fischl.

Ten Breaths, Tumbling Woman II 2007

Tumbling woman est un hommage de l’artiste aux victimes du 11 septembre 2001.